Le BFR et la crise sanitaire en France

Le BFR est un indicateur clé du besoin de financement d’une entreprise. Il représente le levier principal d’action d’une entreprise pour financer son exploitation, et sa maîtrise lui permettra de se rendre moins dépendante de ses partenaires financiers pour financer son exploitation.

L’activité de certaines entreprises génère un besoin en fonds de roulement plus important que d’autres, en particulier celles qui produisent avant de vendre, et/ou celles qui offrent un crédit de paiement à ses clients, ou encore celles qui ont besoin de stocker des produits avant de les vendre…sans parler de celles qui cumulent ces caractéristiques dans leur activité. Les facteurs clés de maîtrise du BFR passent donc aussi bien par des actions sur les process (afin de réduire des délais de production ou d’acheminement par exemple) que financières (afin d’agir sur les délais de règlement où d’encaissement.

Après près de deux ans de crise sanitaire, quel en a été l’impact sur leur BFR, entre les arrêts d’activité, les reprises, le télétravail et le bouleversement de certains comportements, qui seront parfois structurels, comme la façon de se déplacer ou la capacité à travailler hors du bureau ?

D’après les experts d’Euler Hermes, les entreprise pourraient eu avoir besoin d’un demi milliard de financement supplémentaire de leur BFR en 2021. En France cependant, si les stocks ont augmenté à causes des fortes mesures sanitaires, la grande souplesse constatée sur les modalités de paiement entre clients et fournisseurs et le fort soutien public ont eu un effet positif sur le BFR en 2020 (-2 jours à 64 jours).

En revanche, la situation devait être bien différente pour 2021, puisque l’étude précitée anticipait une détérioration du BFR des entreprises françaises par un accroissement de 31 milliards d’euros (+6 jours à 70 jours), soit l’une des plus fortes hausses de la zone euro.

Cette détérioration résulterait d’une reprise économique plus rapide qu’attendue, à laquelle s’ajoute évidemment la nécessité de rembourser les charges ayant été décalées comme les prêts octroyés au plus fort des premières crises sanitaires.

Si l’Insee a revu récemment la perspective de croissance de la France en 2021 à 6,7%, cette dernière anticipe une évolution de 0,4% du PIB en France pour le premier trimestre 2022, et de 0,5% pour le premier semestre. Cependant, les difficultés d’approvisionnement persistent, et limiteront la croissance de la consommation nationale.

La poursuite épidémique et les multiples restrictions sanitaires de ces dernières semaines auront sans doute un impact sur la croissance attendue entre la fin 2021 et le début de cette année, tandis que l’inflation se poursuivra en 2022, globalement autour de 2,7%, toujours selon l’Insee.

La Banque de France, pour sa part, s’est risquée à anticiper une croissance de 3,6% en 2022 qu’elle estime bien incertaine étant donnée la pression sur les approvisionnements, les pénuries de matières premières et les tensions sur le prix de l’énergie.

Alors le BFR dans tout cela ? Il y a fort à parier que ce dernier demeure sous une pression forte en 2022, puisque selon une autre étude d’Euler Hermes d’octobre dernier, les défaillances d’entreprises pourraient bondir de 40% en France en 2022, avec leur cortège d’impayés qui viendront obérer encore le financement clients-fournisseurs.

Il importe donc à nos financiers et chefs d’entreprise de rester extrêmement vigilants sur :

  • Les délais de rotation de leurs stocks,
  • Les délais de règlement de leurs créances clients,
  • Les délais de règlement des dettes fournisseurs

Le tout dans le respect des lois régissant ces sujets, et donc de bien piloter leur BFR.

Certains acteurs sont capables d’accompagner les entreprises dans cette tâche, dont le levier d’action le plus simple et le plus efficace et le plus efficace est souvent la maitrise de son poste client.

Il n’est donc pas inutile d’anticiper le sujet, de se doter de solutions métier peu coûteuses eu égard aux enjeux et dont les retours sur investissement sont la plupart du temps très rapides.

Il est également plus prudent, en parallèle ou dans la continuité de la maitrise de son BFR, d’anticiper ses besoins de trésorerie, afin de mettre en œuvre en amont d’éventuelles difficultés les recherches de financement court terme complémentaires dont les entreprises peuvent avoir besoin.

En effet, le fil rouge de tous ces éléments demeure bien la trésorerie, et nous ne pouvons que trop conseiller à nos lecteurs d’être vigilants sur leur trésorerie qui, mal anticipée, aura des effets plus rapidement dévastateurs que de celui des marges !